AUX PIEDS DU MAÎTRE : CONSEILS DU MAÎTRE KOOT-HOOMI À UN CANDIDAT À L’INITIATION

LE MAîTRE KOOT HOUMI LAL SINGH est originaire du Cachemire, il a étudié à OXFORD en 1850. Il fut Pythagore dans une de ses incarnations précédentes et réside à Shigatsé village situé au Tibet dans les Himalayas.


AUX PIEDS DU MAÎTRE est un livre écrit par Jiddu Krisnamurti, alors âgé de 14 ans et sous le pseudonyme de Alcyone. Il est publié la première fois en 1910 en langue Anglaise : “At the Feet of the Master“. Il contient les conseils donnés par son Maître (Le Maître Koot-Hoomi), un résumé de l’enseignement initiatique pour son cheminent spirituel et sa préparation à l’initiation. Voici un extrait du chapitres 3.

CHAPITRE III

Les six points, spécialement exigés, relatifs à la conduite, sont donnés par le Maître :
I. La maîtrise de soi quant au mental ;
II. La maîtrise de soi dans l’action ;
III. La tolérance ;
IV. Le contentement ;
V. L’unité de direction vers le but ;
VI. La confiance.


I- LA MAÎTRISE DE SOI QUANT AU MENTAL

La qualité requise du détachement montre que le corps astral doit être dominé : ce premier point en exige autant pour le corps mental. Il signifie : maîtriser le caractère de manière à ne pouvoir ressentir ni colère ni impatience ; maîtriser le mental lui-même de telle sorte que la pensée soit toujours calme et sereine ; et, par le mental, maîtriser les nerfs pour qu’ils soient le moins irritables possible. Ce dernier point est difficile à atteindre ; car pendant que tu essayes de te préparer pour le Sentier, tu ne peux empêcher ton corps de devenir plus sensitif, en sorte que tes nerfs sont facilement ébranlés par un son ou par un choc et qu’ils ressentent d’une manière aiguë la plus légère atteinte. Mais il faut faire
de ton mieux.

Le mental paisible implique aussi le courage qui permet d’affronter sans crainte les épreuves et les difficultés du Sentier, la fermeté qui fait supporter facilement les ennuis de chaque jour et éviter les continuels soucis au sujet des petites choses qui absorbent la plus grande partie du temps de beaucoup de gens. Le Maître enseigne que l’homme doit considérer comme n’ayant aucune importance ce qui lui vient de l’extérieur : tristesses, difficultés, maladies, pertes ; il faut envisager toutes ces choses comme n’étant rien, et ne pas leur permettre d’affecter le calme du mental. Elles sont le résultat d’actions antérieures et doivent être supportées joyeusement quand elles surviennent, car il faut te souvenir que tout est transitoire et que tu as le devoir de toujours rester joyeux et serein. Ces choses appartiennent à tes vies passées, non point à celle-ci ; tu n’y peux rien changer. il est donc inutile de t’en préoccuper. Songe plutôt aux actes du présent qui préparent les événements de ta vie prochaine, car ceux-là, tu peux les changer.

Ne te laisse jamais aller à la tristesse, ni au découragement. Le découragement est mauvais parce qu’il contamine les autres et leur rend la vie plus difficile, ce que tu n’as pas le droit de faire. Il faut donc le repousser loin de toi chaque fois que tu le sens venir. Il faut dominer ta pensée d’une autre façon encore : ne lui permets pas d’être flottante. Quelque chose que tu fasses, il faut y fixer ton esprit pour la faire en perfection. Que ton mental ne reste pas oisif ; aie toujours en réserve de bonnes pensées, prêtes à s’avancer au moment où il est inoccupé. Emploie journellement ton énergie mentale à de bons desseins ; sois une force orientée vers l’évolution. Pense chaque jour à une personne que tu sais en proie au chagrin, ou à la souffrance, ou ayant besoin d’aide et répands sur elle des pensées d’amour.

Garde ta pensée de l’orgueil, car l’orgueil vient toujours de l’ignorance. L’homme qui n’a pas la connaissance s’imagine qu’il est grand, qu’il est l’auteur de telle grande action ; l’homme sage sait que Dieu seul est grand et que toute bonne œuvre est l’œuvre de Dieu seul.

II- LA MAÎTRISE DE SOI DANS L’ACTION

Quand ta pensée sera ce qu’elle doit être, tu agiras sans difficulté. Mais souviens-toi que pour rendre service à l’humanité la pensée doit se traduire en acte. Point de paresse, mais une activité constante dans le travail utile. Fais ce qui est ton devoir propre et non celui d’un autre, si ce n’est avec la permission de celui-ci et dans l’intention de l’aider. Laisse tout homme accomplir son œuvre à sa façon ; sois toujours prêt à venir en aide, s’il le faut, mais ne t’ingère jamais dans les affaires d’autrui.

Pour bien des gens, la chose la plus difficile au monde est d’apprendre à s’occuper de leurs propres affaires, or c’est précisément là ce que tu dois faire. Parce que tu essaies d’entreprendre un travail d’ordre supérieur, il ne faut pas, pour cela, négliger tes devoirs courants, car tant que ceux-ci ne sont pas remplis tu n’es pas libre pour un autre service. N’assume pas de nouveaux devoirs envers le monde, mais ceux dont tu t’es chargé, accomplis-les parfaitement : je veux parler des devoirs définis et raisonnables que tu reconnais toi-même comme tels, et non pas des devoirs imaginaires que d’autres essaient de t’imposer. Pour pouvoir, un jour, appartenir au Maître, il faut faire le travail courant mieux que ne le font les autres et non plus mal ; parce que cela aussi doit être fait au nom du Maître.

III- LA TOLÉRANCE

Aie des sentiments de parfaite tolérance pour tous les hommes et porte un intérêt aussi sincère aux croyances religieuses des autres qu’aux tiennes. Car leur religion, aussi bien que la tienne, est un Sentier qui mène au Suprême. Et pour venir en aide à tous il faut comprendre tout.

Mais pour atteindre à une parfaite tolérance il faut d’abord t’affranchir tant de la bigoterie que de la superstition. Il faut apprendre qu’il n’y a pas de cérémonies indispensables ; sinon tu te croirais meilleur, en quelque sorte, que ceux qui ne les pratiquent pas. Il ne faut cependant pas condamner ceux qui s’attachent encore aux cérémonies. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent ; seulement qu’eux aussi te laissent libre, toi qui sais la vérité : il ne faut pas qu’ils cherchent à te ramener de force à ce point que tu as dépassé.

Sois indulgent et bienveillant en toutes choses. Maintenant que tes yeux sont ouverts, quelques-unes de tes anciennes croyances, de tes anciennes cérémonies peuvent te sembler absurdes ; peut-être le sont-elles en effet. Néanmoins, “quoique tu ne puisses plus y participer, respecte-les pour l’amour de ces bonnes âmes qui y attachent encore tant d’importance. Ces cérémonies ont leur place, leur utilité ; elles sont comme ces doubles traits qui t’aidaient, enfant, à écrire en lignes droites également espacées, jusqu’au moment où tu as appris à écrire bien mieux et plus facilement sans leur secours. Il y eut un temps où tu en avais besoin, mais à présent ce temps est passé.

Un grand Instructeur écrivit un jour : « Quand j’étais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; mais quand je suis devenu un homme, j’ai laissé là les façons de l’enfant ». Toutefois celui qui a oublié son enfance et perdu toute sympathie pour les enfants ne pourra les instruire et les aider. Regarde donc tous les hommes avec bonté, douceur et tolérance, mais regarde-les tous de même, qu’ils soient Bouddhistes ou Hindous, Djaïnistes ou Juifs, Chrétiens ou Mahométans.

IV- LE CONTENTEMENT

Il faut supporter joyeusement ton karma quel qu’il soit, et accepter la souffrance comme un honneur, parce qu’elle prouve que les Seigneurs du Karma te trouvent digne d’aider. Si dur qu’il puisse être, sois reconnaissant de ce qu’il ne l’est pas davantage. Souviens-toi que tu es de peu d’utilité au Maître tant que ton mauvais karma n’est pas épuisé et que tu n’es pas libéré. En t’offrant à Lui, tu as demandé que ton karma soit précipité, de sorte que tu épuises en une ou deux vies ce qui, autrement, en aurait demandé une centaine. Mais pour en tirer le meilleur parti, il faut le supporter avec joie et contentement.

Un autre point encore : il faut renoncer à tout sentiment de possession. Il se peut que Karma t’enlève les choses auxquelles tu tiens le plus…, peut-être même les personnes que tu aimes le mieux : même alors tu dois être prêt à te séparer avec joie de n’importe quoi et de n’importe qui. Souvent le Maître a besoin de transmettre sa force à d’autres par l’intermédiaire de son serviteur ; Il ne le peut faire si le serviteur cède au découragement. Ainsi le contentement est de règle.

V- UNITÉ DE DIRECTION VERS LE BUT

La seule chose que tu dois avoir en vue, c’est de faire l’œuvre du Maître ; quelque autre tâche qui puisse se présenter à toi, celle-là du moins, ne doit jamais être oubliée. En réalité, rien d’autre ne saurait se présenter, car toute œuvre utile et désintéressée est l’œuvre du Maître, et tu dois la faire pour lui.

Il faut porter toute ton attention sur chaque partie de ton travail afin de le faire de ton mieux. Le même Instructeur a écrit aussi : « Quoi que vous fassiez, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et- non pour les hommes ». Demande-toi comment tu ferais un travail, si tu savais que le Maître allait venir le voir : c’est avec cette pensée qu’il faut faire tout ton travail. Les plus sages comprendront le mieux toute la signification de ce verset. En voici un autre semblable, mais bien plus ancien : « Quoi que ta main fasse, fais-le de tout ton pouvoir ».

L’unité de direction vers le but, cela veut dire aussi que rien ne doit jamais te détourner, ne fût-ce que pour un instant, du Sentier où tu es entré. Ni les tentations, ni les plaisirs du monde, ni même les affections terrestres ne doivent t’égarer. Car il faut que tu ne fasses qu’un avec le Sentier ; il faut qu’il soit, à ce point, ta propre nature, que tu y marches sans avoir besoin d’y penser et sans qu’il te soit possible de t’en écarter. Toi, la Monade, tu en as décidé ainsi : te séparer du Sentier serait te séparer de toi-même.

VI- LA CONFIANCE

Il faut que tu aies confiance en ton Maître ; il faut que tu aies confiance en toi-même. Si tu as vu le Maître, tu auras en lui une confiance absolue, au cours de bien des vies et de bien des morts. Si tu ne l’as pas encore vu, tu dois essayer néanmoins de t’en faire une idée et d’avoir confiance en Lui, sans quoi même Lui ne peut t’aider. Sans confiance parfaite, il ne peut y avoir parfaite effusion d’amour et de force.

Il faut avoir confiance en toi. Tu dis que tu te connais trop bien pour cela ? Si c’est là ton sentiment, tu ne te connais pas ; tu connais seulement ton enveloppe extérieure qui souvent a été souillée de boue. Mais toi — le toi réel — tu es une étincelle de la Flamme divine, et Dieu qui est tout puissant, habite en toi ; et pour cette raison, il n’y a rien que tu ne puisses faire, si tu en as la volonté. Dis-toi : « Ce que l’homme a fait, l’homme peut le faire. Je suis un homme, mais je suis aussi le Dieu qui est dans l’homme ; je puis faire telle chose et je veux la faire ». Car ta volonté doit être comme de l’acier trempé si tu veux entrer dans le Sentier.


– Réf : Aux Pieds Du Maître, Alcyone (Jiddu Krishnamurti), Éditions Adyar,

Télécharger le livre au format PDF :

Translate/Traduire »
%d blogueurs aiment cette page :