
LAISSEZ-VOUS TRANSPORTER DANS L’UNIVERS FASCINANT DU BOUDDHISME TIBÉTAIN !

(ÉCOLE GELUGPA)
“Le Bouddhisme Tibétain est une tradition riche en symboles. Non seulement nous en avons une multitude, mais nombre d’entre eux ont des significations diverses. Les unes sont simples et les autres profondes. Représentant des valeurs intérieures sous des formes physiques, ces symboles visent à montrer les nombreux niveaux et aspects différents du Dharma (*Enseignement du Bouddha). Le bouddhisme tibétain s’exprime par une telle variété de symboles que n’en mentionner ici qu’un ou deux exemples ne lui rendrait guère justice.
Le symbolisme le plus complexe du Bouddhisme Tibétain se trouve dans les tantras. La pratique tantrique comprend la visualisation de divinités de méditation, parfois avec plusieurs visages et paires de bras, ainsi que leurs mandalas figuratifs. Tous ces traits et caractéristiques revêtent une profonde valeur symbolique, qui se révèle à mesure que l’on progresse dans la pratique et la méditation. Mais le cœur de la pratique bouddhique du Tantrayâna est l’union indestructible de la méthode et de la sagesse, l’aspiration altruiste à l’éveil et la compréhension de la vacuité, qui est symbolisée par le vajra/foudre et la clochette utilisés dans les rituels tantriques.
Je suis sûr que ce beau livre, reflétant la richesse du symbolisme du bouddhisme tibétain, approfondira l’appréciation de notre culture et de sa contribution singulière au précieux héritage commun du monde. J’espère aussi qu’il pourra inspirer les lecteurs à soutenir nos efforts en vue de garder vivantes ces traditions.”
Le Dalaï-Lama, le 10 Mai 1996. (Préface du Livre LES SYMBOLES DU BOUDDHISME TIBÉTAIN, Claude B. LEVENSON, paru en 1996 aux Éditions ASSOULINE.)
LES SYMBOLES DU BOUDDHISME TIBÉTAIN
LA ROUE DU TEMPS
DES CYCLES TEMPORELS POUR RYTHMER LES GESTES INTEMPORELS DU QUOTIDIEN
La route du temps (*Mandala Kalachakra) est la manière tibétaine d’ancrer l’être humain dans ses dimensions matérielle, spirituelle et universelle.

LA ROUE DE LA VIE
CHACUN S’ACCORDE À SA PROPRE CONSCIENCE SPIRITUELLE
La roue de la vie (ou Cycle du Samsâra) inscrit visuellement les diverses étapes des existences. On en trouve généralement peintes sur un mur ou sur du papier voire un tissu, dans tous les monastères (*tibétains).

LA ROUE DE LA LOI
AIDER AUTRUI, À TOUT LE MOINS, NE PAS LUI NUIRE

La Roue de la Loi est présente dans tous les lieux sacrés tibétains : elle comporte généralement huit rayons, et se présente sur le fronton principal des monastères, grands ou petits, flanquée de deux gazelles ou daims. Elle figure avant tout la doctrine prêchée par le Bouddha historique, et les gracieux animaux qui l’accompagnent représentent ses deux premiers auditeurs ou disciples.
La roue ou chakra, c’est le cycle sans cesse recommencé des naissances et des renaissances, le samsâra où évolue à l’infini la multitude des êtres pris dans les rets(*filets) de l’illusion. Si l’on parle ici de loi, c’est bien dans son acception de “vraie nature“, celle qui fonde la règle naturelle de l’Univers : l’éthique et la morale de l’être humain. Vérité suprême de toute la diversité des mondes et des univers, elle a été perçue, comprise et définie par le prince Siddhârta Çakyamûni, devenu l’Éveillé qui la formula pour la rendre intelligible aux générations du cycle cosmique actuel.
Les huit rayons de la Roue symbolisent l’Octuple sentier, les huit voies de libération qui mènent à l’Éveil. À quatre rayons, la Roue évoque les quatre “instants” cruciaux de la vie du Bouddha, et les disciples la considèrent comme une arme imparable en vue de maîtriser les passions. Elle est aussi le rappel constant des Quatre Nobles Vérités de la souffrance, de son apparition, de sa cessation et de la voie qui y conduit.

La Roue de la Loi symbolise en outre la voie du milieu. C’est le sentier suivi par Çakyamûni, qui a prôné de se garder des extrêmes, de l’ascétisme excessif comme de la débauche effrénée, afin d’accéder à la connaissance suprême, qui est point d’équilibre à mi-chemin de la réalité et de la non-réalité de choses.
BONNETS ROUGES ET BONNETS JAUNES
Le Grand Maître du Bouddhisme Tibétain fonda l’ordre NYINGMAPA, la Lignée des Anciens, et ses moines prirent la robe et la coiffe rouges pour se distinguer des prêtres bonpos. D’autres ordres virent le jour au cours des siècles suivants : celui des SAKYAPAS, celui des KAGYUPAS, celui des KARMAPAS, tous désignés par la dénomination de « Bonnets rouges ».
Vers le XVe siècle, le réformateur TSONGKHAPA rassembla en un canon unique, les éléments essentiels de tous les enseignements bouddhiques et fonda l’ordre des GELUGPAS, la Lignée des hommes vertueux, dont les moines prirent la coiffe jaune et devinrent dans le langage populaire, les « Bonnets jaunes ».
Le guide de cet ordre devint le chef spirituel et temporel du Tibet. Le troisième guide reçut d’un roi mongol, le titre de Dalaï-Lama (Océan de sagesse), titre qui fut attribué rétroactivement à ses prédécesseurs. Chaque Dalaï-Lama fut dès lors considéré comme la réincarnation de son prédécesseur.


LE STÛPA
UNE MATÉRIALISATION DU CHEMINEMENT INTÉRIEUR
Le stûpa est un monument d’origine indienne et prébouddhique, destiné d’abord à marquer les lieux essentiels de la doctrine, sacralisés par le passage sur terre du Bouddha historique : à Lumbini, son village natal, à Bodh Gayâ où la méditation lui ouvrit les portes de l’Éveil, à Sarnath où il a donné son premier enseignement.



LE MOULIN À PRIÈRES
LA PRIÈRE ALTRUISTE DANS L’INTÉRÊT DE TOUS LES ÊTRES
Le kor-ten ou familièrement “moulin à prières“, est sans doute l’objet du rituel bouddhique le plus connu des profanes, mais aussi le meilleur compagnon du pèlerin. On l’appelle aussi chos-kor, ce qui signifie “tourner la doctrine“… À l’intérieur du chos-kor se trouvent emboîter quelques textes sacrés, ou des formules d’invocations (mantra), transcrites sur un papier ou sur un parchemin. À l’entrée des monastères, le chos-kor peut être de dimensions imposantes, protégé des intempéries par un toi, ou même installé dans une sorte de guérite avec une porte.


LES DRAPEAUX OU BANNIÈRES DE PRIÈRES

LE MANTRA SACRÉ
“OM MANI PADME HUM“
Cette litanie millénaire est à la fois le symbole de la vie bouddhiste au Tibet et l’expression d’une manière d’être. Sa traduction la plus simple serait OM JOYAU DU LOTUS HOM.

LE ROSAIRE
LE MÂLÂ
C’est le rosaire manière bouddhique, l’un des attributs du pèlerin et de plusieurs divinités. Composé de 108 grains, il sert à dire des prières, mais surtout à compter le nombre de répétitions de telle ou de telle formule récitée à l’intention d’une divinité choisie.


L’AUTEL
RIEN N’EST TROP BEAU POUR LÉVEILLÉ
Qu’il s’agisse d’un autel domestique ou de celui d’un sanctuaire, on y distingue ordinairement les quatre images indispensables au fidèle dans sa pratique de chaque jour : une représentation du Bouddha, en sculpture ou en peinture, qu’accompagnent Avalokitechvara, Le Grand Compatissant, Târâ, incarnation des activités du Bouddha et enfin Achala, la divinité qui écarte les obstacles. À ces emblèmes de base peuvent s’ajouter d’autres déités (*ou divinités) qui sont l’objet d’une dévotion personnelle, le Bodhisattva de la bienveillance aimante, ou encore Maitreya. Un texte sacré, ou parfois un stûpa miniature, figure la parole du Bouddha.


LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE
AU SERVICE DES DIEUX POUR LE BIEN DES ETRES
La musique et les chants jouent un grand rôle dans la vie quotidienne des tibétains, pour accompagner par exemple les travaux des champs, mais aussi la danse et le divertissement. La belle saison permettait autrefois des pique-niques au bord de l’eau, et Lhassa connaissait naguère une saison de théâtre et d’opéra.
Quelques instruments : le radong, trompe télescopique au son grave utilisé pour annoncer le début des cérémonies ou l’ouverture des réjouissances ; le damarû, tambourin rituel à boules fouettantes; la cymbale qui ponctue les prières durant les cérémonies.


L’ÉCHARPE DE FÉLICITÉ
LA KHATA
Elle est le symbole de courtoisie et de bénédiction. C’est une écharpe qui est d’abord signe d’une simple civilité, à la fois geste d’offrande, d’accueil et d’échange courtois. Elle est de toutes les cérémonies, grandes ou petites, publiques ou familiales : le plus souvent blanche, parfois orange ou jaune d’or quand elle est particulièrement liée à la religion, elle prend en Mongolie la couleur bleue du ciel.

LE FOUDRE ET LA CLOCHETTE
VAJRÂ ET GHANTA – DORJE ET DRILBU – LA MÉTHODE ET LA SAGEESSE
Ce sont les objets les plus usuels sur la voie de diamant (Vajrayâna) et forment à la fois le symbole le plus ordinaire et le plus complexe du bouddhisme tibétain. Dans la main droite du pratiquant le foudre est gage de stabilité de la méthode (*les moyens), et dans sa main gauche la clochette est rappel de la sagesse de l’impermanence. L’équilibre entre les deux s’établit par le biais des mudrâs, les gestes rituels. Aux mains des maîtres de l’interprétation ésotérique, cette paire inséparable figure l’unité du pouvoir masculin et de l’énergie féminine.
COUPE ET DAGUE RITUELLES
TRIOMPHER DES ENNEMIS INTÉRIEURS
Le kâpâlâ est une coupe, le phurbu est une dague rituelle et le grigug ou kartîka est un couperet semi-circulaire.



LES HUIT SIGNES DE BON AUGURE
ATTIRER LA CHANCE ET S’ASSURER DE BONNES PROTECTIONS
Omniprésents dans la vie spirituelle tibétaine, ces huit emblèmes, ou TASHI TAKGAY ou ASHTAMANGALA, trouvent leur origine dans un moment capital de la vie du Bouddha historique.


LES OFFRANDES
SACRÉES OU PROFANES, ELLES SONT UN HOMMAGE À LA DIVINITÉ

L’ÉCRITURE ET LES TEXTES
DES TRÉSORS POUR GARDER LA MÉMOIRE


LES MUDRÂS
DES SIGNES POUR EXPRIMER DES FORCES INVISIBLES
Le mot mudrâ signifie “sceau” ou “signe“, révélant l’intention à la fois de sceller et manifester, autrement dit de “traduire” par des moyens différentes des mots. En somme un espèce d’alphabet visuel permettant d’aller à l’essentiel par-delà la parole. Les gestes sacrés à retenir en priorité sont :
– ANJALI-MUDRÂ : les mains jointes à hauteur de la poitrine. À la fois salutation et vénération, il est caractéristique des orants[*] et de certaines divinités mineures, mais surtout il demeure encore aujourd’hui, la manière par excellence de saluer l’interlocuteur en Inde, en Thaïlande, en Birmanie, au Tibet.
[*]Un orant (du latin ōrāre, prier), ou priant, désigne, dans l’art religieux, un personnage représenté dans une attitude de prière, souvent agenouillé, les bras levés ou écartés ou les mains jointes.


– DHYÂNA-MUDRÂ : mains superposés dans le giron[*] du méditant, paumes vers le haut, doigts allongés et pouces se touchant pour former un triangle, c’est le sceau caractéristique de la méditation, de la concentration sur le dharma.
[*] Giron : Partie du corps allant de la ceinture aux genoux, chez une personne assise.


– BHUMIPARSHA-MUDRÂ : prendre la terre à témoin, c’est à dire main gauche sur le genou en position de lotus et main droite pendante vers l’intérieur.

– VITARKA-MUDRÂ : geste de l’enseignement ou de l’explication qui emporte la conviction. Main droite dirigée vers le haut, paume vers l’extérieur, et main gauche vers le bas, également paume vers l’extérieur, avec le pouce et l’index de chacune formant un cercle, renvoyant à la perfection de la Loi du Bouddha.


– ABHAYA-MUDRÂ : main dressée, généralement la droite, à hauteur de l’épaule, paume ouverte vers l’extérieur, l’autre le long du corps, ou les deux mains faisant ce geste, offrent protection et bienveillance, tout en marquant sans équivoque l’absence de crainte.


– VARADA-MUDRÂ traduit l’accueil, le don, la générosité, la compassion : main droite tournée vers l’extérieur orientée vers le bas, ce geste est souvent associé à l’Abhaya-mudrâ de protection et de sérénité. Il signifie la volonté de se consacrer aux êtres humains et d’œuvrer à alléger leurs souffrances, afin qu’ils puissent finalement accéder à l’épanouissement de l’Éveil. C’est aussi le sceau réputé exaucer les voeux.

– DHARMACHAKRA-MUDRÂ : Les deux mains devant la poitrine, pouces et index formant deux cercles qui se frôlent, la paume droite tournée vers l’extérieur et la gauche soit vers le haut soit vers l’intérieur



LA GRANDE PRIÈRE
MÖNLAM CHENMO – L’INVOCATION ANNUELLE POUR LE BIEN-ÊTRE DE TOUS LES ÊTRES
Cette cérémonie est liée aux réjouissances du nouvel an. La tradition en attribue l’institution codifiée à TSONG-KHAPA le Réformateur, Père spirituel de la plus jeune école du Bouddhisme Tibétain : les Gelougpas ou Bonnets jaunes.



MAÎTRE ET DISCIPLE
UNE CONFIANCE À TOUTE ÉPREUVE
Toutes écoles confondues, le Bouddhisme fourmille d’anecdotes pour en témoigner : choisir son maître n’est pas une mince affaire.


LE PROTECTEUR DU TIBET
CHENRÉSIG – AVALOKITESHVARA
“Celui qui regarde avec les yeux clairs“, ou “Celui qui entend les prières du monde”, ou encore “Le Seigneur qui baisse son regard sur les souffrances du monde“, est sans conteste une figure de proue de la tradition tibétaine. L’un des Éveillé les plus marquants du Mâhayâna, ce Bodhisattva est le patron tutélaire du Tibet.

LA GRANDE DIVINITÉ
TÂRÂ – DOLMA, GARDIENNE, PROTECTRICE ET SALVATRICE
Étroitement associé à CHENRÉSIG – AVALOKITESHVARA, TÂRÂ – DOLMA est quasiment inséparable du Bodhisattva de la Compassion. Elle personnifie l’aspect féminin de sa sollicitude et elle l’assiste activement.

LES GRANDS PROTECTEURS
MAÎTRES DU TEMPS, DE LA MORT ET DES FORCES NÉGATIVES
Ils sont les farouches gardiens de la loi et fidèles défenseurs du Bouddha.

LE RITUEL DU FEU
LA GRANDE PURIFICATION
Comme dans la plupart des civilisations, des plus lointaines aux plus proches, le feu tient une place à part dans le bouddhisme. Élément emblématique fondamental, étape obligée sur le chemin de la connaissance, partie intégrante de l’offrande puisqu’il est à la fois chaleur et lumière, le feu symbolise surtout la purification et la flamme l’impermanence dans le devenir et le changement.



LE MÉDITANT
LA MÉMOIRE DES SIÈCLES
L’ermite, l’ascète, souvent errant, font partie de la tradition religieuse de l’Asie depuis la nuit des temps. Le Bouddhisme tibétain ne fait pas exception, d’autant que les vastes étendues du haut plateau sont particulièrement propices à la réflexion solitaire si chère aux grands maîtres. Au-delà des enceintes monastiques, cabanes ou grottes étaient naguère aménagés afin de permettre aux aspirants de méditer dans la solitude.


LES PÈLERINAGES
REPÉRAGE SUR LE TERRITOIRE DU SACRÉ
Toutes les religions, des plus modestes aux plus conquérantes, ont en commun d’avoir des lieux précis de références. Cette aura singulière balise pour les fidèles un territoire qu’ils parcourent physiquement ou intellectuellement autant de fois qu’il leur est possible et, selon les conditions, au moins une fois dans la vie réelle. C’est l’occasion d’une parenthèse, sinon d’une rupture, de durée variable afin de faire le point, réviser sa vie et de se consacrer à la réflexion.



SARNATH, est une cité bouddhiste se trouvant à une dizaine de kilomètres au nord de la ville de VARANASI ou BÉNARÈS dans l’État indien de l’UTTAR PRADESH. C’est le lieu du premier sermon du Bouddha et est de ce fait l’un des quatre lieux saints du bouddhisme.
LE LOTUS
D’OMBRE ET DE LUMIÈRE
Omniprésente dans les représentations bouddhiques, la fleur de lotus semble indissociable des divinités qui peuplent ce monde où, étroitement mêlées, ombres et lumières n’en finissent pas de jouer à cache cache sur l’Octuple Sentier de l’Éveil. Symbole cardinal, le lotus l’est depuis la nuit des temps védiques indiens : qu’il soit ouvert ou en bouton, blanc, rose, rouge ou bleu, il est associé à un aspect déterminé de l’enseignement, ou de la sagesse, et il en traduit un trait révélateur.


LE POTALA, PALAIS D’HIVER DES DALAÏ-LAMAS
NAGUÈRE SIÈGE DU GOUVERNEMENET TIBÉTAIN A LHASSA

FIN

Références: LES SYMBOLES DU BOUDDHISME TIBÉTAIN, Claude B. LEVENSON, Préface du DALAÏ LAMA, paru en 1996 aux Éditions ASSOULINE.

